Moulins (03)
Données historiques
Le franchissement de l'Allier à Moulins s'est probablement toujours effectué dans la portion comprise de 100 à 150 mètres en aval du pont actuel. Il est en outre très difficile de connaître la date de construction du premier pont sur l'Allier à Moulins. Ne pouvant pas se fier aux vestiges restants de tous les ponts qui se sont succédé, il faudra peut-être dénouer l'histoire de ces ponts à travers les fondations de chacun par l'apport de l'archéologie.
La première mention (MITTON 1931, 74) d'un pont à Moulins est faite le 20 janvier 1408 à la suite d'une crue qui l'emporte, le pont se nomme à cette époque le pont Mâcheclou. Il est de nouveau reconstruit et emporté le 20 juin 1426. En 1435, un nouveau pont existe sous le nom du pont Buffécier. En 1446, il est endommagé et réparé. Le 8 janvier 1499 est mentionné la construction d'un pont en pierre. Un deuxième pont en pierre lui succède en 1536. Le 22 décembre 1565, un pont en bois existe pour la traversée de l'Allier. Henri III, ordonne la réparation d'une des piles du pont le 18 août 1579. En 1595, la construction d'un nouveau pont en pierre est réalisée par Jean Girard de Scardin. Il est réparé en 1601 et 1604. Le 6 octobre 1608, il est emporté. En 1609, seul un bac est mentionné. Le 1er mai 1609, une adjudication pour l'établissement d'un pont en bois est attribuée à Jean Girard, Jean Arnaud et Michel Gresle. En 1630, un pont de pierre est établi par Indre. Le tablier de ce pont s'effondre le 6 octobre 1645. En aval de ce pont, est construit un pont en bois en 1646. Il sera emporté et remplacé par un bac le 6 octobre 1676. Une adjudication pour la construction d'un pont en pierre est faite le 16 mars 1678. Ce pont fut achevé en 1682 (pont Ginguet). En 1683, une pile et deux arches sont renversées. En 1686, le pont est rétabli et s'écroule en 1689. Un nouveau pont en bois est installé en octobre 1689. De 1689 à 1703, un bac fait office de passage. L'année 1703 verra le rétablissement du passage par un pont en bois jeté sur le reste des arches du pont Ginguet et sera emporté la même année. Le 4 septembre 1705, le pont Mansard verra la pose de sa première pierre. Le 8 novembre 1710 alors que le pont Mansard n'est pas achevé, deux arches s'écroulent à la suite d'un affouillement général. Après l'effondrement du pont, Libéral II Bruant proposa deux projets de restauration. Le premier tentait de réutiliser deux arches du pont des années 1680 et de lancer entre ces arches des constructions en charpente (MESQUI. 1986) .
En 1712, Bruant mit au point un projet complètement différent de son projet précédent. Entièrement en charpente, il le recommande vivement par rapport à son premier projet.
La construction du pont Régemortes se fera pendant les années 1753 à 1763. Le lit de l'Allier connaîtra des changements notables de son tracé devant le quartier de la Madeleine. Un élargissement de l'Allier fut provoqué, de près du double de sa largeur originelle, à la suite de la dérivation sur la rive gauche de l'Allier en 1759 après la construction des 8 arches côté de la Madeleine. Une passerelle provisoire sera installée en 1760.
Si ce site est d'une grande complexité de compréhension, du fait de la succession de 6 ponts en bois, 7 ponts en pierre et pas moins de 6 réparations, sans compter les passerelles provisoires pour l'établissement de tous ces ponts, viennent s'ajouter les problèmes de dégradation au fil du temps que se soit par l'érosion ou par les amateurs de patrimoine disparus, ou encore par les travaux directement liés à l'ouvrage actuel.
En 1980, le pont Régemorte a subi une réfection de son radier. La D.D.E. décide d'entreprendre une campagne de renforcement des fondations par le remplacement des palplanches en sapin datant de la construction de l'ouvrage. Ces palplanches étaient armées par des lardoires. La dernière semaine d'octobre 1980 (POMMEAU. 1984) fera date dans l'histoire des ponts de Moulins parce que les vestiges restants du pont Mansard furent totalement arasés dans le cadre des réfections de ce radier sans qu'aucune observation archéologique ne puisse être entreprise.
Il est à noter que ces travaux apportant la disparition de pieux et de diverses structures par la réfection du radier du pont ne furent certainement pas portées à la connaissance de la Direction Régionale des Affaires Culturelles d'Auvergne.
Si ce site est de toute évidence, un trésor en matière d'archéologie du pont, par le fait d'une telle concentration de vestiges, il serait souhaitable de le voir classé comme patrimoine archéologique pour enfin le protéger de tous les travaux à venir qui ne manqueront pas de le grignoter à chaque fois un peu plus. Il faut tout de même rappeler que le pont Régemortes est classé monument historique, mais apparemment ni ses fondations ni son site, puisqu'en juin 1997, la décision de niveler le site par une pelle mécanique fut entrepris, entraînant la disparition d'une partie des vestiges du pont Ginguet.
Étude du lot d'armatures
L'étude a porté sur un lot composé de 120 armatures. Ce lot rassemble 116 armatures à quatre branches, dont au moins 49 de code typologique IV A 3 a, d'une armature de code typologique I B 2, de 3 armatures de code typologique II A 4 a et de 8 armatures de code typologique IV D 3 d.
L'absence de bois en relation avec les sabots, n'a pas permis de faire une première distinction entre les armatures de palplanche et de pieux, hormis quelques-uns. Afin d'établir une éventuelle chronologie, il a fallu essayer de partager le lot en plusieurs groupes. Ce partage a été réalisé en comparant l'aspect général de l'armature, et en respectant au maximum les localisations qui ont été données pour certains. Après comparaison, nous nous trouvons face à 14 groupes d'armatures.
Le type le plus représenté (environ 54%) est une armature en fer forgé pesant 2,1 kilogramme d'une hauteur de 39 cm à quatre branches larges de 2,5 cm. Les branches sont soudées par forgeage sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 2,5 cm de côté et haute de 10 cm. Les branches possèdent chacune 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu à l'aide de 8 clous en fer forgé sabot inventorié sous le numéro 03 MOU 0051.
L'étude détaillée porte uniquement sur des armatures completes de type IV A 3 a. Afin de ne pas multiplier les graphiques différentes unités de valeur peuvent coexister, les valeurs étant précisées en légende. Les mesures de hauteur des armatures sont les mesures maximales (lorsque l'armature possède des branches de différente longueur, la plus longue est choisie pour la mesure totale).
Les 14 groupes d'armatures ayant des caractères différents peuvent êtres considérés comme les groupes pouvant servir de référence à une futur étude archéologique, afin d'essayer de localiser les endroits où le pont a subi des modifications, que ce soit lors de réfections ou de reconstructions. Par contre il n'est pas possible dans cette étude de donner une chronologie absolue.
Localisation des armatures dans le site :
N'ayant pas eu le temps de consulter les archives relatives aux ponts de Moulins et de faire quelques vérifications sur le terrain, il est difficile pour certaines armatures de les localiser.
Essais de datation des armatures :
Les datations sont à prendre avec grande prudence. Ce sont des datations proposées par rapport à l'étude faite sur l'ensemble des armatures du corpus général.
Conclusion
Pour tenter de tirer des conclusions archéologiques sur ce lot de 120 armatures, 14 armatures ont été sélectionnés afin de couvrir toutes les formes découvertes. Les résultats seront présentés individuellement. Aucune chronologie absolue n'a pu être observé pour le moment. Pour cela seuls des critères formels pourront êtres présentés. Quant à l'interprétation, il ne semble pas possible d'en donner une étant donné qu'aucune opération archéologique n'a été faite jusqu'à maintenant.
Les armatures seront présentées par leur numéro d'inventaire.
03 MOU 0005 : sabot en fer forgé de type IV D 3 d pesant 5,2 Kg, d'une hauteur de 46 cm à quatre branches symétriques, larges de 4 cm. Les branches sont noyées dans une culasse de forme pyramidale ayant pour base 9 cm de côté et haute de 14 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Régemortes.
03 MOU 0007 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 4,8 Kg, d'une hauteur de 40 cm à quatre branches dissymétriques, larges de 3,5 et 4 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 4,5 x 5 cm de côté et haute de 13 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Régemortes.
03 MOU 0011 : lardoire en fer forgé de type II A 4 a pesant 1,7 Kg, d'une hauteur de 24,5 cm à deux branches de forme triangulaire, larges de 4 cm à la base et de 13 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme triangulaire ayant pour base 2 x 5 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 6 clous. Ce sabot a été trouvé en aval du site du pont Ginguet.
03 MOU 0012 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 3 Kg, d'une hauteur de 40 cm à quatre branches de forme triangulaire, larges de 3,5 cm à la base et de 9 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3 cm de côté et haute de 13,5 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Ginguet.
03 MOU 0013 : sabot en fer forgé de type IV A ou B 3 a pesant 1,5 Kg, d'une hauteur de 29 cm à quatre branches dissymétriques, larges de 3,5 et 4 cm à la base et de 4,5 et 5 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3 x 3,5 cm de côté et haute de 7 cm. Chacune des branches possède 1 trou de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 4 clous. Ce sabot a été trouvé devant le quartier de la Madeleine.
03 MOU 0028 : lardoire de section ovale en tôle de type I B 2 pesant 1,6 Kg. La tôle est noyée dans la culasse ovale ayant pour section 6,5 cm de long et 4,5 cm de large et haute de 9 cm. Il possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 2 clous. Ce sabot a été trouvé en aval du site du pont Ginguet.
03 MOU 0051 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 2,1 Kg, d'une hauteur de 39 cm à quatre branches, larges de 2,5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 2,5 cm de côté et haute de 10 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Ginguet.
03 MOU 0083 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 26,5 Kg, d'une hauteur de 82 cm à quatre branches, larges de 6 cm à la base. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale octogonale ayant pour base 12 cm de côté et haute de 39 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Mansard.
03 MOU 0087 : lardoire en fer forgé de type II A 4 a d'une hauteur de 34 cm à deux branches triangulaires, larges de 4 cm à la base et de 9 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse triangulaire ayant pour base 2 x 5 cm de côté et haute de 13 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 6 clous. Ce sabot a été trouvé en aval du site du pont Ginguet.
03 MOU 0092 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 9,2 Kg, d'une hauteur de 60 cm à quatre branches, larges de 4 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 5,5 cm de côté et haute de 15,5 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Ce sabot a été trouvé entre le site du pont Mansard et du pont Ginguet.
03 MOU 0097 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 10,3 Kg, d'une hauteur de 69 cm à quatre branches symétriques, larges de 4,5 cm à la base. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 5,5 x 6 cm de côté et haute de 23,5 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Ce sabot a été trouvé entre le site du pont Mansard et du pont Ginguet.
03 MOU 0102 : sabot en fer forgé de type IV A 3 b? pesant 2,9 Kg, d'une hauteur de 39 cm à quatre branches, larges de 5 cm à la base. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 5 cm de côté et haute de 10,5 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous.
03 MOU 0114 : lardoire en fer forgé de type IV D 3 d pesant environ 2 à 2,5 Kg, d'une hauteur de 33 cm à quatre branches symétriques, larges de 3 et 3,5 cm. Les branches sont noyées dans une culasse de forme pyramidale ayant pour base 6 x 5 cm de côté et haute de 9 cm. Deux branches possèdent 2 trous et les deux autres 1 seul de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 6 clous. Ce sabot de palplanche vient du radier du pont Régemortes.
03 MOU 0120 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a d'une hauteur de 46 cm à quatre branches, larges de 5 cm à la base. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 4 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Ce sabot a été trouvé sur le site du pont Ginguet.