Chalon-sur-Saône (71), pont Saint-Laurent
Dessin du pont en élévation tel qu'il pouvait se présenter à l'époque gallo-romaine (M. Josserand) d'après les études archéologiques et historiques.
Données historiques
Dans l'état actuel des connaissances, pour le franchissement de la Saône à Chalon-sur-Saône, un pont en bois a été probablement établi dès l'époque Augustéenne. En fait, ce serait a priori trois ouvrages qui ce seraient succédés à l'époque romaine (études en cours). Reprenant le tracé du premier passage en bois, un deuxième datant de l'extrême fin du Ier siècle de notre ère aurait également été construit en bois. Le troisième, construit au deuxième quart du IIIème siècle, est composé de cinq piles en pierre. Celui-ci devait supporter un tablier en bois comparable, dans son architecture, au pont de Trêves (Allemagne). À la fin de l'époque médiévale, les arches sont construites en pierre. Au XVIIIème siècle, il est élargi.
Evolution du pont Saint-Laurent par B. Tremeau 1989.
Plan de 1762 du pont Saint-Laurent par Thomas Dumorey. Le plan donne l'emplacement des moulins à nef (Bonnamour 1993).
En 1944, il fut partiellement détruit. Après la seconde guerre mondiale, il est totalement détruit et reconstruit sous la forme de l'élévation que l'on connaît aujourd'hui.
Vue aval du pont en mai 1995 Vue amont du pont en mai 1995
Données archéologiques
Au mois d'octobre 1992 les travaux de mise au gabarit européen de la Saône afin de porter le chenal à la profondeur de 3,5 mètres, ont révélé la présence de vestiges archéologiques. Ces vestiges, constitués essentiellement de blocs monumentaux de grès et de calcaire, atteignant parfois 1,5 mètre de longueur, sont ceux de deux piles du pont antique.
Enlévement de blocs monumentaux (photographie Ets Tournaud. Lyon).
C'est tout au long de plusieurs prospection subaquatiques ainsi qu'avec l'aide des dragages anciens que le lot d'armatures a pu être constitué.
Étude du lot d'armatures
L'étude a porté sur un lot composé de 27 armatures. Ce lot rassemble 25 sabots à quatre branches, dont au moins 20 de code typologique IV A 3 a et 2 lardoires de code typologique II A 4 a.
Afin d'établir une éventuelle chronologie, il a fallu essayer de partager le lot en plusieurs groupes. Ce partage a été réalisé par comparaison de l'aspect général de l'armature ainsi qu'en respectant au maximum les localisations qui ont été réalisées pour certaines. Après comparaison, le lot d'armatures est dissocié en 11 groupes.
Le sabot le plus représenté (environ 22%) est un sabot en fer forgé pesant 5 Kg d'une hauteur de 44 cm à quatre branches symétriques larges de 4,5 cm et 5 cm. Les branches sont soudées par forgeage sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3,5 x 4 cm de côté et haute de 9 cm. Les branches possèdent chacune 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu à l'aide de 8 clous en fer forgé sabot inventorié sous le numéro 71 CHA 0027.
L'étude détaillée porte uniquement sur les sabots de type IV.
L'étude souligne au moins 11 lots de sabots ayant des caractères différents. Ils peuvent être considérés comme lots de référence pour une étude archéologique, visant à localiser les endroits où le pont a subi des modifications, que ce soit lors de périodes de réfections ou de reconstructions. Par contre il n'est pas possible dans cette étude, de proposer une chronologie absolue.
Localisation des armatures dans l'ouvrage :
Dans la colonne "localisation", les piles sont celles du pont antique.
Essais de datation des sabots :
Les datations sont à prendre avec une grande prudence. Ce sont des datations proposées par rapport à l'étude faite sur l'ensemble des armatures du corpus général.
Conclusion
Pour la présentation des conclusions archéologiques à tirer de ce lot de 27 armatures, 11 armatures ont été sélectionnées afin de couvrir toutes les formes découvertes. Les résultats seront présentés individuellement. Aucune chronologie absolue n'a pu être observé pour le moment. Pour cette raison, seules leurs caractéristiques pourront être présentées.
71 CHA 0003 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 37,6 Kg, d'une hauteur de 100 cm à quatre branches larges de 6,5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 6 cm de côté et haute de 20 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous. Les branches sont composées dans leur longueur de 3 morceaux. Ce sabot est le plus gros spécimen existant en France.
71 CHA 0005 : sabot en fer forgé de type IV A 3 b pesant environ 13 Kg, d'une hauteur de 99 cm à quatre branches dissymétriques larges de 5,5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3,5 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous.
71 CHA 0006 : sabot en fer forgé de type IV A 3 b d'une hauteur de 67 cm à quatre branches larges de 6 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3 x 4,5 cm de côté et haute de 21 cm. Deux des branches possèdent 2 trous et les deux autres un seul trou de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 6 clous.
71 CHA 0007 : lardoire de palplanche en fer forgé de type II A 4 a pesant 8,2 Kg, d'une hauteur de 45 cm à deux branches de formes triangulaires larges de 17 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme triangulaire ayant pour base 4 x 6 cm de côté et haute de 10 cm. Chacune des branches possède 5 trous de manière à armer l'extrémité inférieure de la palplanche au moyen de 10 clous.
71 CHA 0009 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 7,2 Kg, d'une hauteur de 63 cm à quatre branches symétriques larges de 6 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 5 cm de côté et haute de 11 cm. Chacune des branches possède 1 trou de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 4 clous. Le bois de ce sabot a été daté par la méthode du radiocarbone[1] et a donné comme datation la plus probable, 50 à 110 après J.C.
71 CHA 0011 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 4,8 Kg, d'une hauteur de 61 cm à quatre branches larges de 3,5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 2,5 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous. Il estprobable que ce soit un sabot de palplanche.
71 CHA 0012 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 10 Kg, d'une hauteur de 59 cm à quatre branches larges de 6 cm. Les branches à leur base forment une culasse de 20 cm de hauteur. Chacune des branches possède 2 trous sauf une qui en possède 3 de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 9 clous.
71 CHA 0013 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a d'une hauteur de 52,5 cm à quatre branches dissymétriques larges de 4 cm pour les deux plus grandes et de 3 cm pour les deux plus petites. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3 cm de côté et haute de 8 cm. Deux des branches possèdent 2 trous et les deux autres 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 10 clous.
71 CHA 0020 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a d'une hauteur de 40 cm à quatre branches en formes de spatules larges de 5,5 cm à la base et de 7 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 4 x 4,5 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 3 trous de forme carrée de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous.
71 CHA 0021 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a d'une hauteur de 49 cm à quatre branches symétriques en formes de spatules larges de 4 et 5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale haute de 10 cm. Chacune des branches possède 4 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 16 clous.
71 CHA 0026 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 3,6 Kg, d'une hauteur de 44 cm à quatre branches symétriques larges de 4,5 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3,5 cm de côté et haute de 9 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous.
[1] Analyse effectuée par le Centre de Datation par le Radiocarbone de l'Université Claude Bernard Lyon 1.