Pour le XVIIIème siècle
Dans un traité des ponts (GAUTIER. 1716) note ceci :
p. 65-67
"... Des pilots, et pals-à-planches
Les pilots sont de différente longueur et de différente grosseur suivant que les lieux où il faut les employer, différent entre-eux. Plus la fondation est profonde et que le poids qu'ils doivent supporter est grand, plus ils doivent être peuplées, et avoir de grosseur... 18 à 20 toise quarrée ... corps d'arbres de 10 à 15 pouces de diamètre ... lardoire ou sabot ou mouffle à 3 ou 4 ailes ou branches percées de 4 à 5 cloux, à tête plate ... On met même quelquefois un petit dez de fer entre le bout du pilot qu'on coupe quarrèment, et le fond de la lardoire, afin qu'il soit plus assuré entre les branches, et que le bois ne se refoule pas. ...
p. 173-174
... La figure 4ème représente en un peu plus grand volume le bout d'un pieu armé de sa lardoire AZVY et Q, de laquelle on tronque la pointe ZX et Y comme inutile, à cause qu'elle est trop faible, et qui s'émousserait à la rencontre d'un gros caillou, et que l'on réduit en forme de grain d'orge ou de pointe de diamant en ZV et Y, pour avoir plus de prisesur tout ce qu'elle renconter ; étant certain que l'angle ZV et Y moins aigu que celui de ZX et Y, a plus de force à résister à tout ce que la lardoire rencontre. On épargne même le poids du fer. La lardoire a pour l'ordinaire 4 ailes ou 4 branches, une à chaque face du bout du pilot qu'on a ainsi affûté ; comme AZ, QY, en profil, et X en face avec 4 à 5 trous à chacune, pour y mettre des cloux de barque. Le bout du pilot affûté doit être tronqué en ZY, pour porter à plomb et de plat dans le fond de la lardoire environ 3 à 4 pouces ; ce qui fait que le bout du pilot ne se refoule sitôt dans le corps de la lardoire, en écartant les ailes, et en les ruinant par la pesanteur des corps avec lesquels on l'enfonce. C'est là une précaution à prendre dans le modéle qu'on en fera pour envoyer aux forges, ou aux martinets, où l'on travaille pour l'ordinaire à cette sorte de ferronnerie. Les lardoires font depuis 5 jusqu'à 20 livres, suivant la grosseur des pilots ou des pieux, et des lieux plus ou moins difficiles à pénétrer. On en fait aussi pour les pals-à-planches, qui sont fort rétrécies, et suivant la coupe de leur fût. ..."
Une instruction pour l'établissement des travaux d'une digue pour le pont de la Guillotière à Lyon du 20 octobre 1718 (ADR 1 C 159) présente un métré et note ceci :
"... Sabots :
520 fers de pieux de 25 livres
Dimension des pieux :
24 à 27 pieds de longueur pour 13 et 14 pouces de couronne
20 à 22 pieds de longueur pour 12 et 13 pouces de couronne
18 à 20 pieds de longueur pour 12 et 13 pouces de couronne
Lardoires :
300 fers de palplanches de 12 livres
Dimension des palplanches :
18 à 20 pieds de longueur pour 4 pouces d'épaisseur
Autres lardoires :
370 autres fers de palplanches de 10 livres
Dimension des palplanches :
15 à 16 pieds de longueur pour 3 pouces d'épaisseur ..."
Une instruction pour l'établissement des travaux d'un pont provisoire (en bois ?) pour le pont de la Guillotière à Lyon du 20 octobre 1718 (ADR 1 C 159) présente un métré et note ceci :
"... Sabots :
78 fers de grand pieux de 60 livres
Dimension des pieux :
50 pieds de longueur pour 15 et 16 pouces de couronne
36 pieds de longueur pour 15 et 16 pouces de couronne
Sabots :
156 fers de petit pieux de 25 livres
Dimension des pieux :
21 pieds de longueur pour 12 et 13 pouces de couronne ..."
Une instruction pour l'établissement des travaux pour la reconstruction de la pile 10 et de la réparation de la crèche de la pile 11 du pont de la Guillotière à Lyon du 20 octobre 1718 (ADR 1 C 159) présente un métré et note ceci :
"... Sabots :
400 fers de pieux pour les batardeaux et crèches de 25 livres
Sabots :
600 fers pour les pilotis de la pile de 20 livres
Dimension des pieux :
12 pieds de longueur pour 11 et 12 pouces de couronne
Sabots :
1180 fers de palplanche de 10 à 12 livres ..."
Dans un traité des ponts (GAUTIER. 1755) note ceci :
"... Détail du devis établis par Mr BEAUSIRE, Architecte de la ville de Paris, le 7 août 1725 pour le pont de charpente à faire prés de la porte de la Conférence à Paris.
p. 277
Tous les pieux seront de bois de chêne équarris de droit fil autant que faire se pourra, non coupés ni roulés depuis 9 jusqu’à 12 pouces de gros chacun en couronne bien effilés et ferrés d’un fer à 4 branches du poids de 28 à 30 livres fournis par l’entrepreneur ...."
Dans la description du projet pour la reconstruction du pont d'Orléans en 1750 (PERRONET. 1782) note ceci :
"... Afin de prévenir les affouillements sous le pont, on a trouvé nécessaire de construire, à 6 pieds au-delà et parallèlement aux arrières becs du pont, une digue de 173 toises de long, composée de 2 files de pieux de 12 à 15 pieds de longueur, 10 à 12 pouces de grosseur, ferrés d'une lardoire de 13 à 14 livres, compris les clous ...
... Pour la fondation des murs de quai ont à battu 592 pilots de 9 à 10 pouces d'équarrissage, armés d'une lardoire de 20 livres il a été battu au devant de ces murs 429 palplanches de 8 à 9 pieds de longueur et 4 pouces d'épaisseur, armées d'une lardoire de fer de 9 à 10 livres. ..."
Dans un traité des ponts (GAUTIER. 1755) note ceci :
"... Détail du devis établis par Gabriel, Architecte et premier ingénieur des Ponts et Chaussées du Royaume, pour le pont de pierre sur la Loire en vis à vis de Blois. ...
p.254
Tous les pilotis .... seront de bois de chêne de droit fil, non coupé ni roulé, chacun de 10 à 11 pouces de diamètre en couronne, bien effilé et ferré d’un fer à 4 branches de 18 pouces au moins de longueur chacune, ayant un sabot de 3 pouces en carré pour qu’il y ait une bonne assiette pour percer le terrain et empècher le pieu de s’émousser, chacun des dits fers du poids de 25 livres au moins bien retenus et cloués aux dits pilotis ....
p.255 et 256
Les pieux du côté du dedans vers le corps des dits piles et culées, seront espacés à 2 pieds de distance les uns des autres, et auront 11 à 12 pouces carrés à la tête, et seront ferrés d’un fer à 4 branches de 21 pouces à 2 pieds de long chacune, avec un sabot de 3 pouces et demi en carré bien cloué et retenus aux dits pieux, les dits fers du poids de 35 livres au moins pour pouvoir percer le sable du lit de la rivière .... ceux du fil extérieur vers les eaux seront de bois rond des longueurs et grosseurs necessaires espacés à 4 pieds de distance de milieu en milieu, ferrés chacun d’un fer de 3 à 4 branches si besoin est .... sera mis des palplanches de 3 pouces d’épaisseur dans les intervales entre les pieux des longueurs necessaires pour percer l’épaisseur du sable .... les dites palplanches affutées par les bouts, ferrées chacune d’un fer, et frettées en haut ...."
Dans la description du projet pour la reconstruction du pont de Neuilly-sur-Seine en 1768 (PERRONET. 1782) note ceci :
"... 435 pilotis de12 à 18 pieds de longueur et d'un diamètre de 1 pied, armés d'un sabot de 25 livres avec 4 cloux à chacune des 4 branches. ..."
Pour les palées d'un pont de Strasbourg, dans les Cahiers Alsaciens d’Archéologie d’Art et d’Histoire de la Société pour la Conservation des Monuments Historiques d'Alsace, Tome 33, Strasbourg, 1990 "Strasbourg - Cité lacustre ? Introduction aux fondations sur pieux du Moyen-Age au XIXème siècle" (SCHWIEN . 1990) note ceci :
p.177
"Un mémoire sur les ponts strasbourgeois fourni par la ville à l'Intendant du Dauphiné en 1769 (AMS, AA 2514), décrit le pont-type strasbourgeois comme étant un pont d'une longueur "de 12 et large de 6 m. Ses culées sont supposées être en maçonnerie. Il se compose de deux éléments essentiels, l'un vertical (la palée) au milieu du cours d'eau qui sert de support, l'autre horizontal, d'une rive à l'autre (les longerons) qui sert à la voie de roulement. La palée est formée de sept pieux en chêne, armés d'un sabot en fer, partiellement enfoncés dans le lit de la rivière au moyen d'un mouton."
Techniques de construction :
p.183
"...Pour les palées des ponts, ils peuvent atteindre près de 6 m, mais une grande partie reste hors de l'eau. Leur pointe est souvent armée d'un sabot en fer, forgé et cloué, tiré des forges de Framont ou de Rothau (près de Schirmeck). ...
... Les palplanches.
... Enfoncées au mouton comme les pieux, elles ont souvent un sabot en fer."
Un devis d'un pont de pierre à construire sur la Saône, en face du Palais archiépiscopal de la ville de Lyon (1er janvier 1786 signé Bouchet - ADR 1 C 158) note ceci :
"... Art. 6 :
Fondations en bois à commencer par les pilotis.
Pour fonder les culées, leurs épaulements et les murs de quai, ensemble les piles et leurs avant et arrière-becs, il sera employé 816 pilotis, lesquels seront disposés suivant le plan qui en sera fourni à l'adjudicataire par l'Ingénieur soussigné. Chacun de ces pilotis aura 36 pieds de longueur réduit s'est-à-dire, depuis 32 jusqu'à 40 pieds, (suivant le besoin, et l'ordre qui en sera donné par l'Ingénieur) 18 pouces de diamètre à la tête, et 10 pouces au petit bout, sans y comprendre l'écorce : ils seront coupés carrément à chaque extrémité, à la moindre desquelles chacun sera armé d'un fer a 4 branches du poids de 25 livres. Ces pilotis (après avoir été intimement serrés, a la tête, au tiers et aux deux tiers de leur longueur, avec 4 cercles ou frettes de fer) seront mis exactement en place, battus et enfoncés à plomb sur tous les sens, au moyen d'un mouton de 1800 livres de pesanteur, monté sur une sonnette à déclic de 30 pieds de volée ; et cela, jusqu'à ce qu'il soit reconnu par l'Ingénieur, qu'ils auront été mis au plus parfait refus.
Dans cette opération, on aura grand soin de maintenir ces pilotis perpendiculairement, soit en les garrottant avec des cordages, ou chaînes de fer, soit en les étrésillonnant de manière à les contenir strictement (autant qu'il sera possible) dans les rangs qui leur auront été assignés. ..."
Un devis et un métré établi pour le Pont de pierre de Roanne en 1788 (ADR 1 C 167) note ceci :
"... Art. 56 : Les palplanches des deux files de radier général auront, à l'aval, 15 pieds de longueur réduite, et à l'amont, seulement 9 pieds ; les unes et les autres auront 5 pouces d'épaisseur, et pas moins de 9 pouces de largeur ; elles seront taillées en pointe d'une fois leur largeur, et dressées de manière à être bien jointives ; elles seront coupées carrément à leur tête avec arêtes rabattues en chanfrein, et armées à leur pointe d'une lardoire en fer à 4 branches, pesant 10 livres, poids de marc, y compris les clous : il sera battu également des palplanches, mais seulement de 4 pouces d'épaisseur et de 9 à 12 pieds de longueur, au derrière et à l'affleurement des chapeaux de rive sous les murs de quai à l'amont du pont, et seulement depuis le radier jusqu'au pied de chaque descente d'abreuvoirs. ...
... Art. 58 : Tous les pilotis de fondations de murs de quais, rampes d'abreuvoirs et ports seront employés en grume et seulement écorcés, dressés, dépouillés de leurs noeuds, coupés carrément à la tête avec chanfrein au pourtour et taillés en pointe pour recevoir les branches d'une lardoire, (du poids de 16 livres, clous compris,) laquelle aura une culasse de 6 pouces de hauteur, arrondie par le bout sous la forme d'un oeuf et carrée dans la partie supérieure qui s'unira au pilotis. ...
... Art. 60 : Par la même raison de l'inégale consistance du terrain, les pilotis qui seront battus en avant du port du Coteau n'auront que 9 pieds de longueur, et leur sabot ou lardoire en fer ne pèsera que 12 livres, clous compris, tandis que les pilotis du port de l'Ile auront 15 pieds de longueur avec sabots du poids de 15 livres ; le diamètre moyen des premiers sera de 9 pouces, et celui des seconds de 10 pouces. ...
... Pilotis pour le quai :
Sabot de 16 livres de poids pour un pieu de chêne de 10 à 12 pieds de longueur pour un diamètre de 10 pouces.
Sabot de 17 livres de poids pour un pieu de chêne de 18 à 20 pieds de longueur.
Lardoire de 10 livres de poids pour un palplanche de 9 ou de 15 pieds de longueur sur 10 pouces de largeur et 5 pouces d'épaisseur.
Lardoire de 10 livres de poids pour un palplanche de 12 pieds de longueur sur 10 pouces de largeur et 4 pouces d'épaisseur. ..."
Un devis et détail estimatif pour le pont de bois sur le Sornin à Charlieu du 1er juin 1789 (ADR 9 C 38) note ceci :
"... Chaque pieu sera ferré d'un sabot du poids de 10 livres ... 20 pilotis de 16 pieds de longueur sur 10 pouces de diamètre réduit ..."
Un devis et détail estimatif pour le pont d'Alaï sur le ruisseau d'Alay à 1 petite lieue de Lyon sur la route de cette ville à Bordeaux du 1er juin 1789 (ADR 9 C 38) note ceci :
"Art. 7
Fondations
Fondé sur pilotis : - 61 pilotis par culée (14 pieds de longueur et 9 pouces de diamètre moyen mesuré sous l'écorce, armé de sabot ou lardoire à 4 branches du poids de 12 livres, y compris les clous)."