Mâcon (71), pont Saint-Laurent

Avant-bec de la pile 5. On distingue les palplanches enserrant la pile (photographie Alain Guerreau)

Données archéologiques (GUERREAU, 1992)

     Au cours des chantiers, des observations furent réalisées mais avec une grande imprécision. Dans la perspective de l'installation du radier, tous les pieux visibles étaient des objets à la fois inutile et gênants pour le bon déroulement des travaux aussi ont-ils été arrachés. Aucune fouille n'étant prévue, il a fallu profiter des courtes pauses de la D.D.E., pendant le nettoyage de la rivière qui fut réalisée à l'aide de pelles mécaniques, pour tirer quelque information sur les éléments visibles avant leur destruction totale.

Pieux protégeant l'arrière-bec de la pile 5 (photographie Alain Guerreau)

Il semble que les vestiges étaient très nombreux et c'est au cours de ces travaux que le lot de sabots fut constitué. Des datations par la méthode du radiocarbone[1] furent réalisées en 1985 et 1986. Les datations révèlent la pérennité de l'ouvrage depuis le XIème siècle. Des datations dendrochronologiques[2] furent aussi réalisées. Celles-ci donnèrent essentiellement des dates traduisant les importants travaux de réfection du pont, entre 1675 et 1700, par les États du Mâconnais.

                                              

  Vue aval du pont Saint-Laurent en mai 1995                                    Vue amont du pont Saint-Laurent en mai 1995

Étude du lot d'armatures

     L'étude a porté sur un lot composé de 8 armatures. Ce lot rassemble 5 sabots à quatre branches, dont au moins 4 de code typologique IV A 3 a, 2 lardoires de code typologique II A 4 a et d'une armature de code typologique I C 1.

     Afin d'établir une éventuelle chronologie, il a fallu essayer de diviser le lot en plusieurs groupes. Ce partage a été réalisé par comparaison de l'aspect général de l'armature et en respectant au maximum les localisations qui ont été relevées pour certains. Après comparaison, le lot est dissocié en 6 groupes.

     L'armature la plus représentée est un sabot en fer forgé pesant 3,8 Kg d'une hauteur de 42 cm à quatre branches larges de 4 cm et 3,5 cm. Les branches sont soudées par forgeage sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3 x 3,5 cm de côté et haute de 10 cm. Les branches possèdent chacune 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu à l'aide de 8 clous en fer forgé sabot inventorié sous le numéro 71 MAC 0001.

     L'étude détaillée porte sur l'ensemble des armatures.

     L'étude souligne au moins 6 lots ayant des caractères différents. Ils peuvent être considérés comme les lots pouvant servir de référence à l'étude archéologique, afin d'essayer de localiser les endroits où le pont a subi des modifications, que ce soit lors de réfections ou de reconstructions. Par contre il n'est pas possible, dans cette étude, de proposer une chronologie absolue.

 

Essais de datation des sabots et localisation dans l'ouvrage :

Les datations sont à prendre avec grande prudence. Ce sont des datations proposées par rapport à l'étude faite sur l'ensemble des armatures du corpus général. Dans la colonne "localisation", les piles sont celles du pont actuel.

 

Conclusion

     Pour la présentation des conclusions archéologiques à tirer de ce lot de 8 armatures, 6 ont été sélectionnés afin de couvrir toutes les formes découvertes. Les résultats seront présentés individuellement. Aucune chronologie absolue n'a pu être observé pour le moment. Pour cette raison, seules leurs caractéristiques pourront être présentées.

71 MAC 0002 : sabot en fer forgé de type IV A 3 a pesant 3,8 Kg, d'une hauteur de 38 cm à quatre branches larges de 4 cm. Les branches sont soudées sur une culasse de forme pyramidale ayant pour base 3,5 x 4 cm de côté et haute de 11,5 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous.

71 MAC 0003 : sabot en fer forgé de type IV A 3 c pesant 4,2 Kg, d'une hauteur de 50 cm à quatre branches dissymétriques larges de 3,5 et 4 cm. Les branches sont soudées ensembles pour constituer la culasse haute de 13 cm qui est renforcée par l'adjonction de 3 coins de métal par l'intérieur du sabot. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 12 clous.

71 MAC 0004 : lardoire de palplanche en fer forgé de type IV A 3 a d'une hauteur de 42 cm à quatre branches larges de 3,8 cm. Les branches sont soudées sur une culasse haute de 10 cm. Chacune des branches possède 2 trous de manière à armer l'extrémité inférieure du pieu au moyen de 8 clous.

71 MAC 0006 : lardoire de palplanche en fer forgé de type II A 4 a pesant 2,3 Kg, d'une hauteur de 31 cm à deux branches en forme d'entonnoir larges de 4 cm à la base et de 10 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme triangulaire ayant pour base 2,5 x 4 cm de côté et haute de 11 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure de la palplanche au moyen de 6 clous.

71 MAC 0007 : lardoire de palplanche en fer forgé de type II A 4 a d'une hauteur de 30 cm à deux branches de formes triangulaires larges de 3 cm à la base et de 9 cm à l'extrémité. Les branches sont soudées sur une culasse de forme triangulaire ayant pour base 2 x 4 cm de côté et haute de 9,5 cm. Chacune des branches possède 3 trous de manière à armer l'extrémité inférieure de la palplanche au moyen de 6 clous.

71 MAC 0008 : armature de section ovale en fonte de type I C 1 pesant 2,15 Kg, d'une hauteur de 23 cm à broche d'une section de 12 mm de côté et haute de 13 cm. La broche est noyée dans le sabot qui constitue la culasse. La culasse de forme conique ovale a pour section supérieure de 7,5 cm en largeur et de 13 cm en longueur et haute de 12 cm. Il est très probable que ce soit un sabot de palplanche.